<304> entière estime peut vous être de quelque secours, vous pouvez faire fond sur elle. Mes vœux, mon cher Duhan, et mes souhaits vous accompagneront partout, étant bien constamment
Votre très-affectionné et fidèle ami,
Frederic.
6. AU MÊME.
Rheinsberg, 13 mars 1737.
Mon cher Duhan,
Il est sûr que les plus rudes épreuves par lesquelles nous sommes obligés de passer dans ce monde, c'est de perdre pour toujours des personnes qui nous sont chères. La constance, la fermeté et la raison nous paraissent de faibles secours dans ces tristes circonstances, et nous n'écoutons dans ces moments que notre douleur. Je vous plains de tout mon cœur de vous voir dans un pareil cas. Vous perdez un père qui vous aimait, et qui, vous donnant une excellente éducation, vous a fait un double bienfait. Mais ce père était vieux; son âge devait vous avertir, par sa débilité, de sa fin prochaine. La succession des temps, qui emporte tout, et des actions innombrables qui sont obligées de se succéder sans interruption, doit en quelque sorte vous consoler de la perte que vous venez de faire. La loi irrévocable du destin veut que tous les hommes meurent. Votre père vient de payer ce tribut à la nature; notre tour viendra également. Qu'y a-t-il de plus commun que de voir naître et mourir? Cependant nous nous étonnons toujours de la mort, comme si c'était une chose étrangère à nous-mêmes, et qui ne fût pas en usage.
Consolez-vous, mon cher Duhan, du mieux que vous pouvez. Songez qu'il y a une nécessité qui détermine tous les événements, et