2. DU MÊME.
(Fin de décembre 1745.)
Sire,
L'expédition que Votre Majesté vient de terminer si glorieusementa est si brillante, que, comme militaire, je lui en dois un compliment.
Je n'ai pas pu m'empêcher, comme Saxon, de compatir au sort qu'a éprouvé la Saxe; mais mon admiration pour tout ce qui s'y est passé n'en est pas moins au-dessus de l'expression.
Les manœuvres savantes et judicieuses de V. M. offrent un canevas fort étendu à la méditation; je ne puis assez l'admirer, et, depuis Alexandre et César, je ne vois rien de si grand et de si frappant.
La conduite que V. M. a tenue dans cette guerre contre les Saxons ressemble et surpasse assurément les belles et rapides expéditions de ces deux grands hommes, qui entreprenaient des guerres et les terminaient en peu de jours.
Recevez avec bonté, Sire, cet hommage qui ne peut être soupçonné de flatterie, et que l'admiration du sublime m'arrache malgré l'amertume qu'un si grand événement a dû naturellement répandre dans mon âme.
J'ai, etc.
Maurice de Saxe.
a Allusion à la bataille de Kesselsdorf, qui avait eu lieu le 15 décembre 1745. Voyez t. III, p. 184-189.