<66>Psalmodier de longs cantiques
Pour amuser les auditeurs;
Ils feront bâiller les apôtres.
Qui, je crois, du goût de nous autres.
Connaissent des plaisirs meilleurs.
Il est des raisons plus de mille
Pour vous faire quitter la ville.
Une grosse et jeune catin
D'accès et d'abord très-facile.
Dont vous nous avez fait le fin,
Croit qu'une beauté de Berlin,
Captivant votre cœur docile,
Vous retient chez elle sous main.
Revenez à votre catin.
Et rendez-lui le cœur tranquille.
Sans quoi nous verrons un matin
La pauvre fille, en vrai lutin,
De dépit et de jalousie
Se poignarder par fantaisie.
Pour Chasot, qui, dans son réduit,
En damné travaille sa flûte,
Qui fait enrager jour et nuit
Tous ses voisins, qu'il persécute,
D'un instrument tendre et charmant
Il tire des sons de trompette.
Wylicha en a mal à la tête,
Et ses voisins par conséquent;
Le fameux chantre de la Thrace
L'aurait puni de son audace.
Vous lui direz éloquemment,
D'un ton doux et d'un air bonasse :
De l'histoire de Marsyas,
Chasot, ne vous souvient-il pas?
Nos plaisirs, Jordan, vous séduisent,
Pour le coup, mes raisons suffisent,
Vous allez redoubler vos pas.
a Frédéric baron de Wylich, capitaine au régiment du Prince royal. Il parvint dans la suite au grade de lieutenant-général, et mourut en 1770. Voyez t. II, p. 143, et t. XVI, p. 222.