<101>puis que je vous sais dans une université de médecins. Il faut qu'ils entendent bien mal leur métier, s'il ne s'en trouve pas un d'assez adroit pour vous dépêcher là-bas. Je sens tous les jours, avec les progrès de l'âge, augmenter mon incrédulité pour les historiens, théologiens et médecins. Il n'y a que peu de vérités connues dans le monde; nous les cherchons, et, chemin faisant, nous nous contentons des fables qu'on nous forge, et de l'éloquence des charlatans. Vous n'allez donc point à Herculanum? J'en suis fâché; c'est le phénomène de notre siècle; et si de si fortes entraves ne me retenaient pas ici, je ferais cinq cents lieues pour voir une ville antique ressuscitée de dessous les cendres du Vésuve. Je vous remercie des épreuves de marbres, que j'ai bien reçues. Il m'en est venu une bonne provision d'Italie; si cependant vous vouliez me commander delle agate gialle di colori diversi, des morceaux assez grands pour faire deux grandes tables et deux grandes cheminées, vous me feriez plaisir. Adieu, cygne de Padoue, élève harmonieux du cygne de Mantoue; j'espère de vous revoir ici au mois d'octobre, en dépit de la Faculté et de vos assassins.
86. AU MÊME.
(Octobre 1753.)
Vous ne trouverez pas étrange, mon cher Algarotti, que je me sépare de la confrérie des poëtes, depuis qu'il se trouve de si grands faquins parmi eux. J'ai fait les poésies que je vous ai données, pour m'amuser. Cela n'était bon que pour cet objet; mais je ne veux ni être lu, ni être transcrit. Raphaël doit être copié, Phidias imité,