<107> engourdis, et vous faire préluder sur l'illusion de la jouissance, attendant la réalité. Chiquaa fait des merveilles ici. Adieu; je vous souhaite santé, contentement et repos.
F.
91. DU COMTE ALGAROTTI.
Venise, 8 mai 1754.
Sire,
Je ne saurais remercier assez Votre Majesté des vers dont elle a voulu me faire part. Ils sont extrêmement plaisants, et de main de maître. Oserais-je dire à V. M. qu'elle aurait dû aussi me faire envoyer l'Éloge que l'abbé de Prades a lu à l'Académie? Je m'imagine qu'il sera à mettre à côté des Éloges de MM. Stille et Jordan, et à côté de ceux de Fontenelle. Je suis bien fâché, Sire, que V. M. ait été à même de faire un pareil honneur au pauvre Knobelsdorff. Je ne verrai plus un homme avec lequel j'avais été lié de tous temps par l'amitié et par l'estime. Il avait bien du talent, et, si c'était un philosophe scythe, il n'honorait pas moins les vertus d'Alexandre. Je connais si bien M. le comte Menefolio par le portrait que V. M. en fait, que je le tiens vu; et pour sa comédie, je la tiens lue. V. M. a bien raison de ne pas croire l'Italie faite comme lui. Hélas! Sire, j'aurais bien voulu en apporter à V. M. une relation plus exacte; mais il faudrait que celui qui connaît si bien l'Europe qu'il importe de connaître, et dont il fait une si grande partie, se contentât de la relation de Padoue et
a Ce nom, fidèlement copié sur le texte de M. de Raumer, que nous suivons, nous est inconnu. Peut-être Frédéric veut-il parler du signor Crichi, chanteur de l'Opéra-comique, qui vint à Berlin au mois de mars 1754.