<175> nos destinées. Je vous rends grâces de ce que vous prenez part à ce que j'en sois là. Vous vous intéressez à un vieil ami, à un serviteur que ni l'âge ni l'absence ne font jamais changer de sentiments, et qui, à présent, espère avec une espèce de persuasion de vous revoir encore et de vous embrasser, si vous voulez bien le permettre. Oui, ma bonne maman, je crois que vous serez à Berlin avant que Flore ait embelli la terre de ses dons, pour m'exprimer poétiquement; et si je me réjouis sincèrement de revoir quelqu'un dans cette capitale, c'est bien vous; mais n'en dites rien. Ceci n'est pas poétique, et doit s'entendre au pied de la lettre. Que le ciel veille sur vos jours, et vous comble d'autant de bénédictions que votre vertu en mérite! Que je vous revoie en santé, contente et satisfaite, et que vous me conserviez toujours votre amitié! Je ne la mérite, ma bonne maman, que par l'attachement inviolable que j'ai pour vous, et que je conserverai jusqu'au moment que la Parque ennemie coupera ma trame.
Federic.
21. DE MADAME DE CAMAS.
Magdebourg, 5 février 1763.
Je me suis bien doutée, Sire, que Votre Majesté se moquerait un peu de moi, mais qu'elle aurait pitié en même temps de cette pauvre fille, qui ne se croit cependant pas aussi malheureuse que je la trouve. Elle veut aller à Stettin, chez madame de Lepel sa sœur, et elle est trop persuadée que son amant l'épousera d'abord après la paix. La Reine a eu soin de faire mettre l'enfant en nourrice par M. Lesser, qui a soin en même temps de tout ce qu'il faut à l'accouchée. Tout