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9. A LA DUCHESSE LOUISE-DOROTHÉE DE SAXE-GOTHA.

Wilsdruf, 21 novembre 1759.



Madame,

Il n'y a que vos bontés et votre indulgence qui puissent justifier mon incongruité. Vous voulez, madame, que j'abuse encore de ces bontés qui me sont si précieuses; au moins souvenez-vous que c'est pour vous obéir que je fais passer par vos mains une lettrea qui ne mérite pas cet honneur. Le hasard, qui se joue si insolemment des projets des hommes, qui se plaît à élever et à détruire,b nous a menés jusqu'ici à la fin de la campagne. Les Autrichiens sont entourés de ce côté-ci de l'Elbe; je leur ai fait brûler deux magasins importants en Bohême. Il y a eu quelques affaires qui ont tourné tout à fait à notre avantage, de sorte que je me flatte d'obliger M. Daun de repasser l'Elbe, d'abandonner Dresde, et de prendre le chemin de Zittau et de la Bohême. Je vous entretiens, madame, de nouvelles et d'objets dont je suis journellement frappé, et qui, par votre voisinage, peuvent peut-être attirer votre attention. Je m'étendrais bien davantage, si mon cœur osait s'expliquer sur les sentiments d'admiration, de reconnaissance et d'estime avec lesquels je suis,



Madame ma cousine,

Votre très-fidèle cousin, ami et serviteur,
Federic.


a La lettre à Voltaire, du 19 novembre 1759.

b Voyez l'Épître sur le hasard, t. XII, p. 64-79.