<214> du mahométisme,a et partout il en dit ou trop, ou trop peu. La métaphysique, selon mes faibles lumières, veut être traitée avec beaucoup de circonspection, et il ne faut y admettre que des raisonnements rigoureux, où l'évidence soit partout convaincante, ou, si l'on a des ménagements à garder, il vaut mieux se taire. Ce qu'il y a de mieux dans le livre de M. Hume est tiré de Locke; mais l'auteur moderne ne renchérit pas sur l'ancien. Au contraire, il paraît que Locke prête des béquilles à M. Hume pour l'aider à se traîner dans un pays où le terrain semble sans cesse se dérober sous ses pieds. Je vous demande encore mille fois pardon de ce bavardage, madame; je me mêle de vous dire des choses que vous savez et sentez mille fois mieux que moi. Je suis votre enfant gâté; si je vous ennuie, c'est en vérité votre faute. Je vous apprendrai peut-être à moins prodiguer vos bontés, en vous inspirant le repentir de tout ce que vous m'enhardissez à vous écrire. L'homme bénitb est encore avec son épée, et sa toque, et son armée, au faubourg de Dresde. Selon toutes les apparences, ce mois-ci se filera jusqu'à sa fin sans qu'il y ait grande effusion de sang. Je ne vous réponds pas du reste, moi, qui ne vois guère au delà du bout de mon nez.
Daignez, madame, être persuadée de tous les sentiments que vous m'inspirez, surtout de la reconnaissance avec laquelle je ne cesserai d'être,
Madame,
de Votre Altesse
le très-fidèle cousin et serviteur,
Federic.
a Le Roi parle ici de l'Histoire naturelle de la religion. Traduit de l'anglais de M. David Hume. A Amsterdam, chez Schneider, 1759, in-8, p. 58 et suivantes.
b Le maréchal Daun. Voyez t. XV, p. x, no XIII.