32. A LA MÊME.
Leipzig, 6 décembre 1762.
Madame,
Je ne tarirais point, mon adorable duchesse, si je vous rendais compte de toute l'impression qu'a faite sur mon cœur l'amitié dont vous m'avez comblé.a Je voudrais pouvoir y répondre en entrant en tout ce qui vous peut être agréable. Je prends la liberté de vous envoyer les réponses aux deux mémoires que vous m'avez remis. Je suis mortifié, madame, si je n'ai pu remplir tout à fait vos désirs; mais, si vous saviez la situation où je me trouve, je me flatte que vous y auriez quelques égards. Je me suis trouvé ici accablé d'affaires, et plus encore que je ne l'avais prévu. Cependant, si je trouve jamais jour à pouvoir vous rendre en personne l'hommage d'un cœur qui vous est plus attaché que ceux de vos plus proches parents, je ne négligerai assurément pas la première occasion qui s'en présentera.
MM. les Anglais achèvent de me trahir.b Le pauvre M. Mitchelc en est tombé en apoplexie. C'est une chose affreuse, mais je n'en parlerai plus. Puissiez-vous, madame, jouir de toutes les prospérités que je vous souhaite, et ne point oublier un ami qui sera jusqu'à sa mort, avec les sentiments de la plus haute estime et de la plus parfaite considération,
Madame,
de Votre Altesse
le très-fidèle cousin et serviteur,
Federic.
a Frédéric arriva à Gotha le 3 décembre, et en repartit le 4. Voyez Johann Stephan Pütters Selbstbiographie. Göttingen, 1798, p. 405-409.
b Voyez t. V, p. 248 et 249.
c Envoyé d'Angleterre à la cour de Prusse. Voyez t. V, p. 75, et t. XII, p. 224.