<237> les grands princes sont si pointilleusement sensibles sur ce qui concerne l'examen de leurs actions, que je crains que la lettre la plus modérée de la part du Duc ne refroidisse les sentiments de la princesse de Galles sa sœura à son égard; et les fruits de votre bonne volonté seraient récompensés par des tracasseries de l'Angleterre, ou par une tiédeur de la princesse de Galles, qui nuirait nécessairement à vos intérêts. Ce sont ces raisons, mon adorable duchesse, qui m'empêchent de profiter de vos offres gracieuses; il ne sera point dit que je vous aie porté préjudice, encore moins que je vous aie brouillé avec des parents dont l'amitié vous importe autant à conserver que celle de la princesse de Galles. J'attendrai patiemment que le ministère anglais revienne à lui-même, et sente toute l'indécence de sa conduite, ce qui doit arriver dès que cette première impétuosité et cette fougue qui lui faisait désirer la paix se sera ralentie. Peut-être parviendrons-nous cet hiver à la paix. MM. les cercles veulent retirer leurs troupes : voilà M. de Bamberg, l'électeur de Bavière et celui de Mayence qui s'y sont résolus; les autres les suivront sans doute. Il faut arracher ces tisons de l'embrasement, et peut-être le feu s'éteindra. Les Autrichiens resteront les derniers champions sur l'arène, comme il leur est arrivé dans toutes les guerres. Peut-être leur paix en deviendra-t-elle plus mauvaise. Enfin, madame, il faut espérer que, comme tout finit dans le monde, cette maudite guerre finira aussi. Pour moi, je conserve gravés au fond de mon cœur les sentiments de reconnaissance et d'admiration que vous m'avez inspirés. Vous avez voulu me secourir; cela me suffit, mon adorable duchesse. Vous l'auriez assurément fait, si cela avait été possible, et la volonté doit être prise comme l'action même. Je vous proteste que je le prends ainsi, et que, dans tout le cours de ma vie, je rechercherai


a Auguste, veuve du prince (Frédéric-Louis) de Galles. Ce prince, fils de George II et père de George III, était mort en 1751.