<269> puérils quand on pense que la mort arrive et passe l'éponge sur tout le passé.
Je vous demande mille excuses de ces réflexions, qui se sont échappées de ma plume malgré moi; le sujet en est triste et humiliant. Si tout le monde faisait du bien comme vous, ma divine duchesse, on saurait à quoi les hommes et surtout les grands seigneurs sont bons. En bénissant ceux de cette espèce, il est permis d'être un peu mécontent des autres. Il est sûr que votre admirable caractère ne rend pas indulgent pour ceux que l'on compare à ce modèle. Je ne finirais point sur ce chapitre, si je ne craignais de blesser votre excessive modestie. Je finirai donc comme l'Épître de Boileau :a
Je t'admire et me tais.En vous assurant que mon cœur et mon âme vous sont voués pour toute la durée de mon existence, je suis,
Madame ma cousine,
de Votre Altesse
le fidèle cousin, ami et serviteur,
Federic.
54. A LA MÊME.
Potsdam, 11 décembre 1763.
Ma chère duchesse,
Vous m'écrivez une lettre qui m'embarrasse un peu, parce que, en vérité, madame, je n'ai pas ma bulle d'or en tête. Par la paix que
a
Épître VIII, Au Roi
, vers 108 :Je m'arrête à l'instant, j'admire et je me tais.