<277> de Dieu, qui arme les persécuteurs du glaive pris sur l'autel. Voilà pourquoi je me défie de ce zèle enflammé des dévots, et j'aurais envie de leur dire : Tu te fâches, tu dis des injures à ton prochain; tu as donc tort.a Mais, madame, nous ne les corrigerons pas; les hommes resteront tels qu'ils ont été toujours : la cour de Vienne sera toujours ambitieuse, le saint office persécuteur, Sa Majesté Très-Chrétienne paillarde, les évêques d'Allemagne des ivrognes, et moi votre plus zélé adorateur. Quand même les autres changeraient de passion, la mienne sera toujours, ma chère duchesse, de vous témoigner en toute occasion les sentiments de l'estime, de l'admiration et de la haute considération avec lesquelles je suis,
Madame ma cousine,
de Votre Altesse
le fidèle cousin et serviteur,
Federic.
59. A LA MÊME.
Sans-Souci, 11 juin 1764.
Madame ma cousine,
Un accès de goutte à la main gauche a pensé m'empêcher, madame, de vous répondre. Cependant vous faites des miracles, ma chère duchesse; vous guérissez les estropiés, et vous donnez aux manchots la faculté d'écrire. En vérité, si j'étais catholique, je prônerais si bien
a Dans le Jupiter confondu de Lucien, chap. 15, Cyniscus dit à Jupiter : « Tu prends ton foudre, tu as donc tort. » Voyez t. IX, p. 187.