<32> à ceux qui se font échiner ici pour la gloire, et surtout n'oubliez pas vos amis, qui pensent mille fois à vous.

Federic.

21. AU MÊME.

Camp de Hermsdorf, 15 juin 1741.

Mon cher Algarotti, je vous attends avec bien de l'impatience, plus aise de vous posséder comme ami que de recevoir de vos lettres comme ministre. Vous êtes à présent à Lyon, où je vois votre esprit enrichi de tout ce que l'industrie des manufacturiers a produit de rare et d'utile dans cette ville. Je ne sais pas trop ce que l'on dit de moi en France, mais tant sais-je bien que ma réputation ne fleure pas baume à Vienne. On fait des prières publiques contre moi, et peu s'en faut que ceux qui consultent fort l'Apocalypse ne me débitent pour l'Antechrist.

Vous pouvez venir en toute sûreté de Berlin à Breslau, et de là vous ne viendrez au camp qu'à bonnes enseignes. Ne craignez point le sort de Maupertuis. Il se l'est attiré en quelque façon, et je vous réponds corps pour corps de votre sûreté.

Adieu, cher cygne de Padoue. Dès que je vous saurai arrivé, vous aurez de mes nouvelles, et cela, amplement. Ne doutez point de l'estime que j'ai pour vous.