<35>Adieu; ne demandez rien d'une tête dont les traits d'imagination ne consistent qu'en paille hachée, en foin et en farine. Je donne ce métier à tous les diables, et je le fais cependant volontiers. Voilà à quoi l'on peut connaître les contradictions de l'esprit humain. Adieu encore une lois, aimable, mais trop léger Algarotti; ne m'oubliez pas dans les glaçons de la Moravie; et, de l'Opéra de Dresde, envoyez-moi, s'il se peut, par le souffle de Zéphire, quelques bouffées des roulements de la Faustine.a
Federic.
Mes compliments à ce jésuite qui ferait un homme aimable, s'il n'était point ecclésiastique, et qui a assez de mérite pour être païen comme nous.
24. DU COMTE ALGAROTTI.
Dresde, 9 février 1742.
Sire,
Si je ne savais pas combien d'âmes il y a dans le corps de Votre Majesté, je serais étonné de tout ce qu'elle peut faire à la fois. Quoi donc! dans le temps que V. M. va faire la plus importante marche qu'on ait peut-être faite depuis Pharsale et Philippes; dans le temps qu'elle court sauver l'Empire, l'Empereur, la France et les alliés, elle trouve sous sa main les comparaisons et les traits que Chapelleb et
a Cette célèbre cantatrice avait épousé à Venise le compositeur Hasse, en 1730.
b Voyez t. XIV, p. XIII, no XXXV.