<50> la justice, au lieu de chercher la raison de mes excuses dans une fausse histoire, de la trouver dans mon véritable caractère.

Avant de faire mes adieux à l'Allemagne, à qui il doit suffire pour toute gloire d'avoir donné la naissance à V. M., avant, dis-je, de lui faire mes adieux, ce qui sera bientôt, j'aurai l'honneur d'informer V. M. au vrai de mes marches, afin qu'elle puisse rectifier, au cas qu'il en valût la peine, les articles de la chronique qui pourraient me regarder. L'étude et les muses vont m'occuper tout entier; et je doute que V. M. puisse voir mon nom ailleurs que dans quelque journal littéraire ou au bas de mes lettres.

32. AU COMTE ALGAROTTI.

Camp de Brzezy, 29 mai 1742.

Cygne harmonieux, vous savez donner tant de relief aux matières qui passent par vos mains, que je ne m'étonne point que la bataille de Chotusitz en ait participé. La relation que vous en lirez est de ma plume, et exacte, et conforme à la plus sévère vérité.a

Quelles réflexions ne fournit point la maison d'Autriche sur la destinée des grandes monarchies! Que si les malheurs des particuliers nous font rentrer en nous-mêmes, combien plus l'infortune d'une famille et d'un État qui, depuis quelques siècles, était en possession de donner des lois à la plus grande partie de l'Europe chrétienne! Ce sont de ces événements qui font connaître la fragilité des fortunes terrestres, et la perpétuelle vicissitude par laquelle les destins produisent de nouvelles décorations sur ce théâtre dont nous tous sommes les acteurs.


a Voyez t. II, p. 161-169.