<56> j'ai dans mes commentaires en vue, plutôt que de la convaincre de la bonté de mes inscriptions, de lui faire sentir l'admiration et le profond respect avec lequel je suis, etc.
35. AU COMTE ALGAROTTI.
Potsdam, 18 juillet 1742.
Cygne harmonieux, tant ultramontain qu'à Padoue, vous avez malheureusement deviné trop juste : la prévôté de Soest était donnée, il y a trois semaines, au jeune comte de Finck; ainsi elle n'est plus à donner actuellement. Vous manderez donc à votre Italien qu'il daignera attendre à une autre fois. Je crois qu'un certain autre Italien de Dresde ne sera pas non plus trop content de moi. Mais il y a des cas, dans le monde, où il est bien difficile de satisfaire un chacun; et souvent ceux qui se plaignent, à le bien examiner, ont à se reprocher eux-mêmes la raison de leur mécontentement.
Vous faites les plus belles inscriptions du monde; mais il leur faudrait et d'autres sujets, et d'autres palais pour les faire briller. Une paix salutaire à l'Europe, et dont l'époque prévenait de trois semaines en vitesse celle que mes alliés auraient faite, ne peut manquer de faire fleurir les arts et les sciences. Je crois que je ne puis mieux employer mon temps qu'en leur consacrant mes veilles. Il faut que mes occupations de la paix soient aussi utiles à l'État que l'ont pu être mes soins à la guerre. En un mot, c'est une saison différente de la vie politique. La paix, qui produit tout, est semblable au printemps, et la guerre, qui détruit, est semblable à l'automne, où les moissons et les vendanges se font.