<57>J'aurais répondu à votre lettre précédente, si j'en avais eu le temps. Mes occupations, après une assez longue absence, se sont beaucoup accrues, et, pour n'avoir pas fait d'affaires de longtemps, il en a fallu faire beaucoup à la fois. J'attends tout ce qu'il y a de bon en fait de chanteurs d'Italie; enfin j'aurai les meilleurs chapons harmonieux de l'Allemagne. Nos danseurs sont presque tous arrivés. Le théâtre sera achevé au mois de novembre, et, l'année qui vient, les comédiens arriveront. Les académiciens les suivront, comme de raison. La folie marche avant la sagesse; et des nez armés de lunettes et des mains chargées de compas, ne marchant qu'à pas graves, doivent arriver plus tard que des cabrioleurs français qui sautent avec des tambourins. Je vous souhaite santé, vie et contentement, et que, dans quelque sphère que vous gravitiez, vous n'oubliiez point ceux qui vous ont admiré lorsqu'ils ont vécu avec vous, et qui, dans vos lettres, célèbrent la commémoration de votre aimable compagnie. Adieu.
Federic.
P. S. Il y a une danseusea ici dont la touchante beauté doit surpasser de cent piques les charmes de la Campioli; c'est la Vénus de Médicis en comparaison de la Diane d'Éphèse.
a Mademoiselle Roland. Voyez t. XV, p. 219 et 220, et t. XVII, p. 260, 276 et 277.