<66> plus beaux airs de musique, le philosophe le plus élégant, le poëte le plus raisonnable, enfin le prince le plus humain et le plus aimable du siècle, tout cela est peint dans cet ouvrage. Ce que V. M. dit du progrès des beaux-arts dans le Nord, elle le vérifie. Un dieu qui prophétise accomplit en même temps ses oracles.

43. DU MÊME.

Potsdam, 9 août 1749.



Sire,

Voici quelques esquisses de maisons que j'ai tracées, Sire, crasso penicillo, afin que V. M. pût avoir des mouches pour celles qu'elle a déjà fait bâtir. Elles ont chacune autant de front, à peu près, qu'en a chaque terrain qui reste depuis la dernière nouvelle maison à main droite jusqu'à la maison de M. de Kleist.a Celle qui est au milieu des trois est la maison que Palladio s'est bâtie pour lui-même, et que l'on voit à Vicence. Je me la suis rappelée, et je crois, Sire, qu'elle ferait un joli effet pour un petit terrain, et qu'elle répandrait de la variété dans le tout, sans trop sortir du goût des autres bâtiments. V. M., qui sait mieux que personne au monde ce que c'est qu'harmonie et unité, cette âme des beaux-arts, en jugera beaucoup mieux que tout autre. Pour moi, Sire, je sais bien que, fût-on Apollodore même, on ne devrait présenter qu'en tremblant des dessins d'architecture à un Trajan qui sait être lui-même son Apollodore.


a Voyez Henri-Louis Manger, Baugeschichte von Potsdam, p. 21.