<73> m'a parlé. Quoique je sois aussi incrédule sur ces sortes de remèdes que je le suis sur le mouvement perpétuel et sur les quadratures du cercle qu'on nous donne tous les jours, je m'en vais pourtant écrire à Venise pour tâcher de savoir au juste quelques particularités là-dessus. Mais en même temps, Sire, je regarde cette espèce de foi que je trouve maintenant en moi-même comme un symptôme de ma maladie.
Mon impression ne va pas aussi vite que je le voudrais, mais autant qu'il m'est possible de la faire aller. Il paraît que mon imprimeur ait pris la devise : Festina lente.
Oserais-je demander à V. M., dont les instants valent les années des autres,a quelle Épître, quelle ode, quel poëme elle a maintenant entre les mains? Nous consumons notre vie à tourner quelques phrases, à arranger des mots; V. M., dans ses heures perdues, peut créer les plus belles choses, qui feront à jamais les délices de ceux qui sauront ce que c'est que de marier la philosophie la plus utile à la plus agréable poésie.
50. AU COMTE ALGAROTTI.
Potsdam, 12 septembre 1749.
Je suis bien aise de vous savoir aux eaux d'Éger. Je suis sûr qu'après la cure vous vous sentirez soulagé de beaucoup. Vous faites bien plus sagement que moi avec vos ouvrages : vous les limez, et, après, vous
a « Les instants de Frédéric valent des années. » C'est par ces mots que se termine le discours prononcé par Maupertuis, en 1747, à l'occasion de l'anniversaire de la naissance du Roi. Voyez l'Histoire de l'Académie des sciences et belles-lettres. Année 1746. A Berlin, 1748, p. 10-16.