<99> oublié de vous dire que, si vous allez à Rome, il convient de faire au pape un compliment très-poli de ma part, et de lui recommander notre église de Berlin. Quand vous serez arrivé en Italie, écrivez-moi, s'il vous plaît, et mandez-moi de Venise ce qu'on y dit du Turc. Adieu; je vous souhaite un plus heureux voyage que vous ne l'avez eu jusqu'à présent.

83. DU COMTE ALGAROTTI.

Venise, 7 mars 1753.



Sire,

Après un voyage des plus longs et des plus pénibles, je suis arrivé enfin à Venise. J'ai encore pu voir les derniers jours du plus maigre carnaval du monde.

Les nouvelles que l'on a ici de Constantinople ne parlent que de la tranquillité qui y règne moyennant les libéralités du Grand Seigneur et la conduite du grand vizir. On n'est pas pourtant sans crainte, dit-on, de quelque nouvelle révolution, et l'on croit la guerre indubitable, si jamais le Grand Seigneur vient à être déposé. J'espère que V. M. aura reçu, à l'heure qu'il est, la verdée. Je prends la liberté d'envoyer à V. M. quelques boutargues qui partiront à la première occasion.