27. A LA MÊME.
Breslau, 22 décembre 1761.
225-aMadame ma cousine,
L'obligeante lettre que Votre Altesse m'a écrite le 8 de ce mois ne m'a été rendue qu'aujourd'hui, et j'ose me flatter que, connaissant ma façon de penser à votre égard, vous serez très-persuadée, madame, que ce me serait un vrai plaisir de me prêter simplement à la demande que vous m'y faites au sujet du comte de Werthern,225-b si, d'ailleurs, je me trouvais au fait de son affaire. Toutefois ledit comte ne me sert pas proprement d'otage; mais c'est plutôt à la réquisition de l'entrepreneur des livraisons qui ont été fournies en conséquence du contrat passé par les états de la Thuringe, auquel ceux-ci ont manqué de satisfaire, que le commissariat de guerre en Saxe s'est vu nécessité, pour moyenner le payement auquel les états se sont engagés en vertu de leur contrat, de prendre des mesures pour la sûreté du payement en question. Je regrette de n'être pas à portée de mon commissariat de guerre en Saxe, les voies de la correspondance étant mal sûres, pour lui demander des éclaircissements sur une affaire où il s'agit du droit du tiers, sans que j'y intéresse directement, et que, en général, mes occupations soient, à l'heure qu'il est, si nombreuses et de nature à me prendre jusqu'aux moments nécessaires pour entrer dans des détails étrangers.
<226>Je vous prie, madame, de me croire avec les sentiments invariables d'une estime distinguée et de la plus parfaite amitié,
Madame ma cousine,
de Votre Altesse
le très-bon cousin,
Federic.
225-a De la main d'un secrétaire.
225-b Jean-George-Henri comte de Werthern, né le 19 janvier 1735, épousa, en 1762, la fille de madame de Buchwald, grande gouvernante de la duchesse de Saxe-Gotha. Le Roi le nomma, le 18 novembre 1772, ministre d'État, grand maître de la garde-robe, et chevalier de l'ordre de l'Aigle noir. Le 23 mars 1777, M. de Werthern obtint sa démission, qu'il avait demandée.