<119>de Buridana entre deux boisseaux. Je suis presque sûr d'être le 25 à Dresde; ainsi, mon cher, préparez-vous au voyage. J'aurai soin de la voiture et des gîtes, ainsi que du logement de Dresde. Adieu, mon cher marquis; à revoir bientôt.

89. AU MÊME.

Wilsdruf, 22 novembre 1759.

Vous en userez, mon cher marquis, avec mon ouvrage comme vous le trouverez bon. Je suis si étourdi du malheur qui vient d'arriver au général Finck,b que je ne puis pas encore revenir de mon étonnement. Cela dérange toutes mes mesures, et me pénètre jusqu'au vif. L'infortune qui persécute ma vieillesse m'a suivi de la Marche en Saxe. Je lutterai contre, tant que je pourrai. Ce petit hymne que je vous ai envoyé, adressé à la Fortune, a été fait trop vite; il ne faut chanter victoire qu'après avoir vaincu. Je suis si excédé des revers et des désastres qui m'arrivent, que je souhaite mille fois la mort, et que de jour en jour je me lasse davantage d'habiter un corps usé et condamné à souffrir. Je vous écris dans le premier moment de ma douleur. L'étonnement, le chagrin, l'indignation, le dépit, confondus ensemble, déchirent mon âme. Voyons donc la fin de cette exécrable campagne, et alors je vous écrirai ce que je deviendrai moi-même, et nous arrangerons le reste. Ayez pitié de mon état, et n'en faites point de bruit, car les mauvaises nouvelles se répandent assez d'elles-mêmes. Adieu, cher marquis. Quando avrai fine il mio tormento!


a Voyez t. IV, p. 14, et t. VIII, p. 316.

b A Maxen, le 20 novembre 1709. Voyez, t. V, p. 32 et 33.