<141>Voilà le coup qui nous présage
Qu'enfin l'erreur, par son poison,
Triomphera de la raison.
Je ne le crains que trop par tous les bruits qu'on sème;
L'homme, trop incertain, manqua l'occasion;
Il survit aux beaux jours qu'avait sa nation,
Ou bien il survit à lui-même.
Tous les deux me sont arrivés. J'ai malheureusement survécu à ma nation et à moi-même; voilà ce qui cause mon chagrin et ma tristesse. Il est impossible de conclure sur l'avenir du passé. Nos ennemis ne veulent que plaie et bosse; il faut nous préparer à la cinquième campagne, et il est permis à un homme qui a été aussi fort persécuté de la fortune que je l'ai été de la craindre. C'est le cas d'un homme qui frémit à la vue d'un b..... où il a gagné récemment la c........ La comparaison n'est pas noble; mais elle peint bien ce que je veux dire, et cela me suffit. En vérité, mon cher marquis, il ne faut point augurer du passé sur l'avenir; on peut avoir été heureux dans une occasion et être très-malheureux dans l'autre. Les événements se suivent, mais ils ne se ressemblent pas, et, en voyant de certains arrangements de la part de l'ennemi, et combinant ma position et ma force avec celle des ennemis que j'aurai à combattre, je n'ai guère l'âme tranquille. Mon ode s'en ressent; vous pouvez bien croire que je n'ai pas eu l'esprit assez tranquille ni assez libre pour la bien corriger. Je prendrai votre compatriote en faveur de votre recommandation; mais je n'en augure pas bien, parce qu'il n'a pu rester nulle part. A présent que la France a guerre, il y aurait trouvé service, et, s'il vient chez moi, ce n'est pas par prédilection. Adieu, cher marquis; écrivez-moi souvent, et soyez persuadé de ma vieille amitié, que vous conserverez autant que je vivrai.