<167>Je viens à votre ode sur les Germains. Foi d'épicurien, foi de philosophe, enfin, foi d'homme qui hait le mensonge, je n'ai jamais rien lu qui m'ait plu davantage. Vous avez fait des choses charmantes, des choses remplies de force et d'énergie; mais vous n'avez jamais rien écrit de mieux à mon sentiment. J'ai relu votre ouvrage cinq fois, et cinq fois je l'ai trouvé admirable. Tous les défauts que je croirais pouvoir y apercevoir sont dans une seule strophe, qui commence par ce vers :
Ah! si le sang coulait, comme au temps de vos pères, etc.
Ce vers est très-beau, et les trois qui le suivent le sont aussi; mais le cinquième fait un sens louche :
De ces usurpateurs dont le fer s'est soumis, etc.
Il faut rapporter ce vers au premier,
Ah! si le sang coulait ........,
et la construction le fait rapporter naturellement au vers qui le précède :
De votre liberté, de vos droits, de vos princes,
De ces usurpateurs dont le fer s'est soumis, etc.
Les quatre derniers vers de cette même strophe me paraissent aussi faibles, et ne terminent point le sens des premiers vers. Pour la justesse du discours, après un si il faut conclure par un mais :
Ah! si le sang coulait, comme au temps de vos pères,
.................................................
Mais il n'est répandu que pour vos tyrans.
On peut bien éviter le mais; il faut cependant qu'il soit toujours sous-entendu. Il y a encore un vers dans cette même strophe :
Si vos puissants armements .........
Ces mots puissants et armements riment ensemble, et font un son