<188>rais assez volontiers. J'ai lu, Sire, dans M. de Turenne, dans le maréchal de Saxe, et, ce dont je fais encore plus de cas, j'ai ouï dire à V. M. qu'une armée de cinquante mille hommes suffisait pour tenir tête à une de quatre-vingts, dont on ne pouvait jamais employer qu'une partie un jour d'affaire, et qui devenait à charge pendant toute la campagne par la difficulté des subsistances. Toutes les gazettes assurent que le prince Ferdinand aura près de cent quinze mille hommes, et qu'il va détacher un corps considérable pour s'opposer à l'armée de l'Empire. Si cela est, comme il le paraît par toutes les nouvelles, vous voilà délivré d'un embarras qui jusqu'ici n'a pas laissé que de vous causer de la peine et bien des soins.
Après avoir songé, Sire, à l'événement dont vous me parlez dans vos lettres, j'ai vu que cela ne pouvait pas regarder l'Italie, et je ne doute pas qu'il ne s'agisse des Turcs. Ce serait une chose admirable s'ils allaient se déclarer; mais la conduite qu'ils ont tenue jusqu'à présent, les occasions heureuses qu'ils ont perdues, me font craindre qu'ils ne continuent d'agir aussi peu sensément. Cependant une révolution soudaine peut avoir lieu tout à coup dans un pays où il en arrive si souvent; en ce cas-là, je sens bien que nous serions dans la situation la plus heureuse et la plus brillante. Mais je ne pense pas que, si cet événement n'a pas lieu, nous soyons dans le cas d'essuyer les revers que V. M. me fait envisager.
J'ai remis à Voss toutes les planches; elles étaient dans une caisse avec les autres que V. M. avait fait graver. J'envoie un rôle de ces planches à V. M., que m'a donné pour ma décharge madame Schmidt,a en me les remettant. V. M. verra les planches qui restent encore dans cette caisse; je la prie de me donner ses ordres, pour savoir à qui je dois les remettre.
Vous savez sans doute, Sire, qu'on a imprimé en France et à Francfort le second volume de vos ouvrages, contenant des Épîtres et des
a Voyez t. XVIII, p. 82, et ci-dessus, p. 20 et 177.