<205> celui de Socrate, la nouvelle comédie de Paris à celle d'Athènes, où un histrion introduit Socrate dans un chœur de nuées, sa ciguë à nos persécutions modernes, etc., y mettre de la plaisanterie, mais point de méchanceté. Mais les hommes restent hommes; le moindre reptile qui se sent poussé darde sa langue pour se défendre. Cette préface a été laite dans un premier mouvement d'emportement; il fallait attendre, pour écrire, qu'il fût passé. Ah! que l'école de l'adversité rend sage, modéré, endurant et doux! C'est une terrible épreuve; mais, quand on l'a surmontée, elle est utile pour le reste de la vie. Adieu, mon cher marquis; ayez quelque indulgence pour mon affliction, elle est légitime. Depuis deux ans je ne fais que souffrir, et je ne vois pas le terme de mes peines. Je vous souhaite une meilleure fortune, plus de tranquillité et moins d'embarras. Adieu.
139. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 2 juillet 1760.
Sire,
Lorsque je reçus la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, je n'avais aucune connaissance du malheur arrivé au général Fouqué, et cette affaire n'est connue à Berlin que depuis trois jours. Mais il me semble, par toutes les lettres qui sont venues de Breslau, que, à la gloire près d'avoir pris quelques drapeaux et une trentaine de canons, cette action est aussi nuisible aux ennemis qu'elle nous l'est. Il vint hier à Berlin quatre de leurs déserteurs, dont trois sont des Prussiens qui, ayant été pris à Maxen, s'étaient engagés chez les Autrichiens, dans l'espérance de pouvoir trouver l'occasion de retourner dans leur pays. Ces gens assurent que les Autrichiens ont