<253> de me donner une maison de campagne entre Potsdam et Barnewitz, où je pourrai me promener et respirer un bon air. V. M. ne doit pas être inquiète sur les lettres que j'aurai l'honneur de lui écrire. Voici, jusqu'à ce que j'aie le bonheur de la revoir, la dernière où je lui parlerai d'autre chose que de littérature. Lorsque je partirai pour la campagne, dans douze ou quinze jours, j'aurai l'honneur de le faire savoir à V. M. Elle pourra toujours m'adresser ses lettres à Berlin; le maître de poste me les enverra à Barnewitz, dont je ne serai éloigné que d'un quart de mille. J'ai l'honneur, etc.
171. AU MARQUIS D'ARGENS.
(Hausdorf) 13 mai 1761.
J'ai bien des nouvelles à vous apprendre, mon cher marquis, et, pour satisfaire votre curiosité, je commence par la politique. Les Français et leurs alliés ont enfin lâché leur déclaration à Londres, avec cette différence de celle qui nous est venue de Suède, que les Français offrent aux Anglais une suspension d'armes, et que les barbares et les Avares se contentent de proposer un congrès à Augsbourg. Vous jugerez d'abord de là que la paix avec les Anglais et les Français réussira, et que nous resterons les derniers sur le théâtre du carnage, à spadassonner et ferrailler avec cette nuée d'ennemis qui nous restent. J'enverrai au congrès, puisque nos ennemis le proposent, mais je n'y crois pas plus qu'à la transsubstantiation. Attendez-vous donc à voir, pendant cet été et cet automne, renouveler toutes les scènes de l'année passée. Jugez quelle tâche il me reste à remplir. Nous avons encore eu quelque petit succès contre les cercles; c'est si