<26> outrée très-souvent; la Gaussin est jolie, mais elle n'a que certains rôles tendres, elle est dans les autres au-dessous du médiocre; la Carville a des entrailles, mais elle ne raisonne point assez ses rôles. Ces comédiennes sont toutes aussi éloignées de la Le Couvreur et de la de Seine que l'hysope est au-dessous du cèdre. Quant aux acteurs, Grandval joue médiocrement le tragique, et divinement bien les petits-maîtres amoureux; La Noue serait un grand comédien, si une figure affreuse ne gâtait tous les talents qu'il a. Tous les autres comédiens sont ou médiocres, ou mauvais.
J'ai dit à V. M., dans mes autres lettres, ce que je pensais de l'Opéra.
J'ai vu M. de Maurepas; il m'a fait beaucoup de politesses, et même quelques offres de service.
On attend ici le Roi vers le 10 ou le 12 du mois prochain; ainsi je n'irai à Versailles qu'à mon retour de Provence, le voyage que je pourrais y faire à présent me paraissant d'une très-petite utilité. Je dois dîner demain chez le duc d'Elbeuf, prince de la maison de Lorraine, avec Crébillon le père; je manderai par ma première lettre à V. M. des nouvelles de cet auteur et de sa tragédie de Catilina, qu'il doit y réciter. Je suis avec un profond respect, etc.
22. DU MÊME.
Paris, 5 septembre 1747.
Sire,
J'ai reçu le duplicata de la lettre de Votre Majesté dans le moment que j'allais partir pour la Provence. Je n'ai point encore été assez heureux pour que sa lettre en original me parvînt. J'ai été à la poste,