<306>sensés, qui manquent de vraisemblance et de caractères soutenus; les vers faibles et mauvais; enfin cette lecture m'a bien fait rabattre de l'idée que j'avais de la réputation de l'auteur. Vous n'avez eu proprement en France que trois poëtes tragiques, Racine, Crébillon et Voltaire; les autres ne sont pas soutenables.

J'ai ici un Discours d'Othon après la bataille de Bédriac, et un Discours de Caton à Utique, que je vous enverrai dès que je croirai pouvoir le faire. Je vous recommande, en attendant, à la garde de la Providence, en vous assurant, mon cher marquis, que mon avant-dernière pensée sera à vous. Adieu.

206. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 29 décembre 1761.



Sire,

J'aurais eu l'honneur d'écrire il y a dix jours à Votre Majesté; mais j'ai cru que je n'aurais jamais plus ce bonheur. J'ai eu une inflammation causée par mes maudites crampes, et l'on a cru pendant trois jours que j'étais hors de toute espérance. A la fin, après quatre saignées, une boisson d'eau de quinquina pour éviter la gangrène, et une légère médecine quand le mal a été calmé, je suis hors d'affaire pour cette fois.

J'avais regardé comme un conte ce que l'on débitait sur l'action affreuse de Warkotsch et du prêtre catholique;a mais, quand j'ai vu


a Le baron de Warkotsch et le prêtre catholique François Schmidt avaient formé le projet de faire enlever le Roi par le colonel autrichien baron de Wallis. Le chasseur du baron de Warkotsch, nommé Matthieu Kappel, et catholique, dénonça le complot le 30 novembre 1701; mais les coupables se sauvèrent. Voyez Friedrich der Grosse, eine Lebensgeschichte von J. D. E. Preuss, t. II, p. 288-292.