<319> prochain. J'ai eu l'honneur de le dire souvent à V. M., tout ira bien à la fin, pourvu qu'elle jouisse d'une bonne santé, et qu'elle puisse agir.

V. M. saura sans doute que les Français doivent avoir remis, le 6 de décembre, Port-Mahon entre les mains des Espagnols. S'il leur prenait fantaisie aujourd'hui de faire la paix, qu'auraient-ils à donner en échange aux Anglais? Je ne vois point aucun moyen pour eux d'en venir à un accommodement, que la guerre n'ait ou augmenté leurs pertes, ou amélioré leur état présent.

On a découvert que l'envoyé de Danemarka savait trois jours plus tôt la mort de l'impératrice de Russie qu'on ne l'a apprise par tous les courriers qui sont arrivés ici, dont le premier ne vint que le mardi matin; et, le dimanche auparavant, l'envoyé dit à quelques personnes : « Il est mort une des principales têtes couronnées de l'Europe. » On eut beau le presser, il ne voulut pas s'expliquer davantage. J'ai l'honneur, etc.

214. AU MARQUIS D'ARGENS.

Janvier 1762.

Il est vrai, mon cher marquis, que tous les événements, favorables ou fâcheux, se succèdent alternativement. Nous en avons eu tant de malheureux, de cruels et d'affreux, qu'il fallait bien que quelque autre chose vînt y apporter quelque adoucissement. Cependant reste à voir jusqu'où nous pourrons porter nos espérances. J'ai été si malheureux dans toute cette guerre, et par la plume, et par l'épée, que cela


a Le chambellan Jean-Henri comte d'Ahlefeldt.