<327> valent mieux que tous les remèdes de la pharmacie ancienne et moderne.
Si la diversion dont V. M. me fait l'honneur de me parler arrive, la fortune réparera bien dans trois mois de temps tout le mal qu'elle a fait pendant six ans; si elle n'a pas lieu, la paix avec les Russes et les Suédois est un si grand bien, qu'elle nous fera supporter patiemment le défaut de ce secours, dont je sens bien toute l'utilité. Ce qui me donne bonne espérance pour la diversion, c'est que les Autrichiens commencent à la craindre sérieusement, et je le vois clairement par leur affectation à faire mettre dans les papiers publics que vous songez à conclure la paix avec eux. Je suis convaincu qu'ils veulent se servir du stratagème d'une paix prochaine pour éviter la diversion.
L'envoyé de Danemark, grand prophète de malheur dans nos temps de chagrins, fait une assez triste mine. Il s'est efforcé de répandre partout qu'il n'était point question de paix entre les Russes et les Prussiens; quand il a vu arriver les prisonniers de Magdebourg, il a soutenu hautement à tous nos ministres d'État que c'était un simple échange de prisonniers, qui n'était que dans le genre de celui que vous aviez fait faire par le général Wylich. Nos bons Berlinois ont été assez simples pour le croire, et les pauvres gens étaient tout affligés. Le comte de Reuss vint chez moi, tout consterné, me raconter les discours du Danois. J'avais reçu une heure auparavant la lettre de V. M., et je l'assurai, sans entrer dans aucun détail, qu'il n'y avait pas un mot de vrai dans tous les discours du ministre de Danemark, et que je lui garantissais que nous aurions sûrement la paix avec les Russes et les Suédois. La joie est revenue dans le cœur de tous nos Berlinois. Votre nom passe en bénédiction de bouche en bouche, et vous devez vous bien porter, car, depuis vingt-quatre heures, l'on a bu plus de cinquante barriques de vin dans Berlin à votre santé. Les officiers russes qui ont passé ici ont marqué la plus grande joie d'être