<386>Mes vers vous expliquent mes pensées sur les postillons que vous avez vus arriver à Berlin. Il est bon de se réjouir d'un grand malheur que nous avons évité; cependant, mon cher marquis, il y a loin de ce point à une fortune entière; et, pour \ous parler tout à fait naturellement, je crois que nous aurons encore une crise avant la réduction de Schweidnitz. Il arrivera de tout ceci ce qu'il plaira au hasard, à la destinée ou à la Providence; car certainement tous les trois ou l'un d'eux a plus de part aux événements du inonde que la prévoyance des hommes. Je vous laisse faire vos petites réflexions philosophiques sur cette matière obscure et impénétrable; si vous y faites quelque heureuse découverte, vous me ferez plaisir de me la communiquer. En attendant, je vous prie, mon cher marquis, de ne me point oublier.

263. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 19 août 1762.



Sire,

Je me hâte d'avoir l'honneur de faire mon compliment à Votre Majesté sur l'avantage considérable et très-utile qu'elle vient de remporter sur les généraux Lacy, Beck et O'Donnell. J'espère que cela hâtera bientôt l'arrivée des postillons dont vous voulez bien avoir la complaisance de régaler les bons Berlinois. Si la prise de Schweidnitz nous procure la paix à la fin de la campagne ou pendant le cours de l'hiver, elle vaudra la prise d'un royaume entier. Après sept ans d'une guerre affreuse, ne serait-il pas temps que la paix réparât tant de maux, et que le barbare acharnement de vos ennemis cessât, et ne