<387> tentât pas davantage d'inutiles efforts qui ne servent qu'à entretenir une horrible confusion et un cruel désordre dans toute l'Europe?
On parle beaucoup de la paix entre la France et l'Angleterre. Si cette paix peut occasionner celle de toutes les puissances belligérantes, je la souhaite; mais, si elle ne produit pas cet effet, je ne vois pas qu'elle puisse nous être de grande utilité, surtout si elle a lieu comme l'insinuent les papiers publics. V. M. doit savoir mieux que personne ce qui se passe à ce sujet; ainsi, comme je la vois contente, je suis tranquille sur tous les bruits qui courent.
Toutes les lois que vous me parlez, Sire, de votre prétendue vieillesse, je cours ouvrir mon almanach, et j'y vois que j'ai neuf ans plus que vous, étant entré depuis un mois dans mes soixante ans. Je ferme tout doucement mon livre, sans dire mot, et je reste fort confus qu'un homme qui a deux lustres moins que moi se plaigne de sa vieillesse. Si jamais vous étiez tranquille à Sans-Souci, vous rajeuniriez de dix ans, et moi de quinze. Alors, dans la joie et dans la tranquillité, vous vivrez autant qu'Abraham, et moi que Jacob; Sans-Souci sera pour nous le climat de l'Arabie.
Nous attendons ici avec impatience quelques détails du dernier avantage que vous venez de remporter, dont nous n'avons reçu qu'une nouvelle en gros, mais qui a répandu une joie générale dans tout Berlin. Puissions-nous avoir bientôt le plaisir de vous y voir arriver heureux, content, et jouissant d'une parfaite santé! J'ai l'honneur, etc.