<392> sera la princesse la plus pacifique de l'Europe. Voilà, mon cher marquis, comme ces grands princes sont faits, dévorés d'ambition, en faisant les hypocrites et les pacifiques. Cependant la Reine s'est découverte durant le cours de cette guerre, et je ne crois pas qu'on l'en croie sur sa parole, si elle s'avise de vouloir jeter de la poudre aux yeux du public.
Je trouve le petit Beausobre plus sensé; il veut repeupler le monde, que cette guerre a presque détruit, et je trouve très-sage à tout homme de lettres de penser à la multiplication, car il vaut mieux faire un enfant qu'un mauvais livre. Pour moi, je ne ferai ni l'un ni l'autre. Je prépare les postillons que je me flatte de vous dépêcher bientôt pour vous annoncer l'heureux événement, qui me paraît presque sûr dès aujourd'hui. Ensuite de nouveaux embarras se présenteront; mais n'y pensons pas à présent, et levons les difficultés à mesure qu'elles se montrent, sans trop nous inquiéter de l'avenir. Cela est philosophique, mon cher marquis. Vous voyez les progrès que je fais; mais assurément tout autre que moi, qui se serait trouvé, ces sept campagnes, le jouet du hasard et l'opprobre des puissances prépondérantes, serait devenu un Marc-Aurèle. C'est le philosophe par force; mais enfin il est toujours bon de l'être, de quelque manière qu'on le devienne. Adieu, mon cher, mon divin marquis. Soyez tranquille, et attendez paisiblement ce qu'ordonnera de nous ce je ne sais quoi qui se moque des projets des hommes et arrange tout d'une façon inattendue. Mes compliments à la bonne Babet.