<403>sances; ce qui en détournait la jeunesse, et faisait regarder comme une action criminelle celle d'étendre les bornes de ses connaissances et d'acquérir de nouvelles lumières. J'en ressens tous les mauvais effets, mais ce ne sont pas des choses qui dépendent de moi de changer sur-le-champ; il faut que le génie de la nation prenne un nouveau pli. Vous savez que j'ai fait ce que j'ai pu pour encourager la jeunesse à l'étude et à une application solide. La débauche, le goût de la frivolité, la paresse, ont été des obstacles que je n'ai pu vaincre. A présent je suis vieux et cassé; que pouvez-vous attendre d'un vieillard qui touche aux bornes de sa vie? Les entreprises auxquelles je n'ai pas pu réussir dans ma jeunesse me seront bien plus difficiles à présent que je regarde le monde comme un lieu que je dois quitter incessamment, et que je suis au dernier acte de la pièce que le destin a voulu que je joue sur ce globe ridicule. Je crois que j'aurai peut-être occasion de vous voir quelque part cet hiver; je ne sais ni où, ni quand. Mandez-moi si vous pouvez entreprendre un petit voyage en ma faveur, qui ne sera cependant ni long, ni dangereux. Adieu, mon cher marquis; je vous embrasse.
273. AU MÊME.a
Péterswaldau, 22 octobre 1762.
Dans la fleur de mes ans je m'occupais d'Ovide,
Ou je suivais Renaud dans le palais d'Armide,
Et lorsqu'un poil naissant ombragea mon menton.
Je pris goût pour Sophocle, Horace et Cicéron :
a Cette lettre se trouve aussi au t. XII, p. 238-262.