<44> j'aurai cependant le bonheur de recevoir la bénédiction paternelle. V. M. peut me rendre ce service, qui me fera prospérer dans ce monde et dans l'autre.
Mon père et toute ma famille m'ont écrit les lettres les plus pressantes pour que V. M. veuille bien faire écrire à son ministre à Paris de recommander à M. de Séchellesa un nommé M. Pseautier, directeur des postes en Provence, lorsque l'occasion se présentera où M. de Séchelles pourra lui rendre quelque service. Cet homme ne demande qu'une lettre de recommandation vague, et dont l'effet n'aura peut-être jamais lieu; cependant un jour cela pourrait lui faire avoir un meilleur poste. Mon père, qui, depuis vingt ans, ne m'a jamais écrit que fort froidement, me traite de la façon du monde la plus tendre dans sa lettre, et me dit que, si je l'oblige dans cette occasion, il saura un jour réparer une partie du mal qu'il m'a fait.b J'avoue à V. M. que, s'il me laissait dans son testament quatre ou cinq mille écus au-dessus de ma légitime, je n'en serais pas fâché. Je sais que, étant attaché à V. M., je n'aurai jamais besoin de personne; mais, Sire, les coups de canon tuent les Turenne, les Berwick, et même les Charles XII. Si V. M. veut me donner caution qu'elle ne commandera plus ses armées, je renonce de tout mon cœur à ce que je puis avoir après la mort de mon père; ayant dix ans de plus que V. M., trente coliques et quinze rhumatismes par mois, je dois, par des règles plus sûres que toutes celles des algébristes, décamper d'ici-bas quinze ans avant V. M. Je suis, etc.
a Contrôleur général à Paris. Voyez t. II, p. 121 et 122, et t. III, p. 63.
b Voyez t. XII, p. 98.