<460> Dieu n'a point été crue dans les trois premiers siècles; on a seulement regardé Jésus comme une créature infiniment plus parfaite que les autres, mais cependant bien inférieure à Dieu le Père, qui n'était, pour ainsi dire, celui de Jésus que par adoption. C'est ce que nous voyons clairement par le témoignage des plus grands Pères de l'Église, qui ont vécu avant le concile de Nicée. Origène, qui naquit vers l'an 185, et qui fleurit au troisième siècle, dit, dans son ouvrage contre Celse, que de son temps il y avait quelques gens de la multitude qui croyaient que le Fils était égal au Père, et Dieu comme lui, mais que ces gens étaient des ignorants. Aujourd'hui, les docteurs catholiques tâchent de justifier Origène, et donnent la torture à certains endroits de ses ouvrages; mais cette conduite est pitoyable, et ne peut servir qu'à tromper quelques gens qui ne connaissent pas les écrits de ce Père. Saint Jérôme était de meilleure foi que les théologiens modernes, car il accuse nettement Origène d'avoir avancé que le Fils, en comparaison du Père, était une petite lueur; qu'il n'était pas la vérité, mais l'image de la vérité; qu'il était visible, et le Père invisible. Le fameux M. Huet, évêque d'Avranches, est convenu dans ces derniers temps qu'Origène avait dit clairement que le Fils, en comparaison du Père, n'était point la bonté même, mais seulement l'image de la bonté. Cette doctrine était celle des Pères qui avaient précédé Origène. Aucun d'eux n'avait fait Jésus égal à son Père. Saint Justin, qui vivait vers l'an 150, dit, dans son Dialogue, pages 356 et 357,a que le Père est invisible et le Fils visible, et que la grandeur du Fils n'approche point de celle du Père. Je pourrais, si je voulais, placer ici les autorités de dix autres Pères de l'Église; mais je renvoie ceux qui seront curieux de les voir à l'ouvrage du père Petau.b Ils verront, dans le
a Voyez S. Justini philosophi et martyris opéra, Paris, 1615, in-fol., p. 356 et 357, Dialogue avec le juif Tryphon.
b Dionysii Petavii Aurelianensis, e societaie Jesu, opus de theologicis dogmatibus, nouvelle édition, Anvers, 1700, in-fol., tome II, p. 37-39, où il est question de la sainte Trinité.