52. AU MÊME.
(Bolkenhayn) 4 avril 1759.
Noël, qui arrive, m'annonce la fâcheuse nouvelle de votre maladie. Puisque c'est une ébullition de sang, il y a toute apparence que ces mauvaises humeurs, une fois sorties du corps, vous procureront une bonne santé pendant l'hiver. Il faut rester à Francfort jusqu'à votre entier rétablissement, puis retourner à Berlin. Quoique je sois très-faible, je suis obligé de partir le 7 pour la Saxe. Ainsi, marquis, reste à savoir où nous nous reverrons. Je commande plus impérieusement à mon corps que vous au vôtre; il faut qu'il aille lorsqu'il y a nécessité de marcher. Mais mes raisons sont plus pressantes que les vôtres. Il faut bien finir la campagne pour avoir une bonne paix, et cela vaut la peine que je sacrifie ma santé pour l'État. Ce bout de campagne durera jusqu'à la mi-décembre, et alors j'espère que je pourrai goûter quelque repos. Enfin, mon cher marquis, je m'abandonne au hasard, qui se joue des mortels, et qui se plaît à amener les événements toujours d'une manière différente à laquelle on s'attendait. Je vous souhaite repos et santé, et je fais des vœux pour que vous reveniez à Berlin sans que ce petit voyage vous fasse du tort. Adieu, cher marquis; je vous embrasse.
53. DU MARQUIS D'ARGENS.
Berlin, 20 avril 1759.
Sire,
Vous avez permis que je prisse la liberté de vous écrire quelquefois; je n'ose cependant le faire aussi souvent que je le souhaiterais, dans