<96> ni inquiéter personne, et que je ne vous donnerais pas le conseil de fuir de ces contrées infortunées, si j'avais quelque rayon d'espérance. Adieu, mon cher; plaignez-moi, et souvenez-vous d'un ami qui vous estime, et qui vous aimera jusqu'au dernier soupir de sa malheureuse vie.
72. AU MÊME.
Waldow, 4 septembre 1759.
Je crois, mon cher marquis, que Berlin est à présent en sûreté; vous pouvez y retourner. Les barbares sont en Lusace, et je les côtoie, de façon qu'il n'y a rien à craindre pour la capitale. L'éminent danger est passé, mais il y aura encore bien des mauvais moments à essuyer avant de gagner la fin de la campagne. Comme ces mauvais moments ne regardent que mon personnel, ce n'est pas une affaire. Mon martyre durera encore deux mois; les neiges et les gelées le finiront. Je vous écris tout ceci parce que je vous crois à Tangermünde moins bien qu'à Berlin ou Potsdam, et parce que l'éloignement des Russes et les prises de Torgau et de Wittenberg rassurent la capitale. Adieu, mon cher; ne m'oubliez pas.