<102> chose, mais cela fera aller votre marmite tant bien que mal. Le temps est mauvais pour tous ceux auxquels je dois, mais je vous promets les dépouilles de la première église de jésuites que nous pillerons, et, si jamais je vous vois la bourse remplie, je vous croirai rajeuni de vingt ans. Voici deux paix que nous venons de faire tout de suite. Si je compte bien sur mes doigts le nombre de mes ennemis, je crois qu'il nous en faut encore quatre pour terminer nos affaires. Le ciel, dont la prudence s'étend plus loin que celle des hommes, mènera cette affaire-ci comme il lui plaira; pour moi, instrument aveugle et indigne de la Providence, j'y coopérerai selon le degré de grâce et d'illumination que je recevrai du Saint-Esprit. Vous savez que c'est de là que nous vient tout notre bonheur. Je vous recommande aux intercessions de sainte Hedwige, en priant Dieu, monsieur le baron, qu'il vous ait, etc.
24. AU MÊME.
Bettlern, 20 juin 1762.
Je me suis cru grand et puissant seigneur, monsieur le baron, depuis que vous m'avez honoré de votre lettre. Je m'y vois traité de monarque d'importance, et vous me demandez des grâces comme si je pouvais en dispenser. Vous avez oublié apparemment que nous allons entrer dans la septième année que les puissances de l'Europe se plaisent à jouer avec moi au roi dépouillé; je vous jure que je ne sais plus si j'ai un pays ou si je n'en ai point, ni ce que la voracité de mes ennemis se plaira de me laisser. Ce que je puis vous assurer, c'est que dans peu nous nous battrons comme de beaux diables pour savoir