<145> vous touche plus. Je compte vous venir voir en allant à la revue de Magdebourg; à mon retour, je m'en retournerai tranquillement habiter Sans-Souci. Si alors vous voulez venir chez moi, vous me ferez plaisir; nous serons seuls, sans monde, et vous ne serez gêné par rien.
Ne me parlez pas avec mépris de ma fabrique de porcelaine; elle est plus belle que celle de Meissen. Mais la maison ne sera tout à fait achevée qu'au mois de septembre, avec les douze fours que je fais bâtir, ce qui empêche encore qu'on ne travaille dans le grand. Cependant on fait déjà des choses plus belles que jamais on n'en a imaginé à Meissen. Je vous en donnerai des essais en passant par chez vous, et dès l'automne nous aurons des services et tout ce qu'on voudra.
Adieu, mon cher ami; n'oubliez pas les absents, et surtout moi, qui vous aime tendrement.
29. AU MÊME.
Le 21 avril 1764.
Après que vous avez insulté à ma manufacture de porcelaine, il faut, mon cher, que je la justifie. Je vous envoie un déjeuner aussi beau que ce que jamais on a travaillé à Meissen, et vous recevrez en même temps une tasse peinte en figures, qui vous convaincra que notre ouvrage vaut au moins celui de Saxe.
Nous nous occupons ici à tirer notre poudre aux moineaux. Le temps est froid, mais cela n'empêche pas que nous n'allions notre chemin.