<148> regarde le commun soldat sera l'année prochaine en ordre aussi bien qu'avant la guerre. Pour ce qui regarde l'officier, c'est où porte ma plus grande attention; pour qu'ils deviennent ensuite vigilants dans le service, et qu'ils se forment le jugement, je leur fais enseigner la fortification, et avec cela on tâche de les obliger à raisonner sur tout ce qu'ils ont à faire. Vous comprenez bien que cette méthode ne saurait réussir en général; mais dans le grand nombre nous formerons des sujets et des officiers qui ne seront pas généraux par brevet, et qui en auront vraiment les qualités.
Adieu, mon cher ami; je vous manderai quand je pourrai venir à Brandebourg. Je vous embrasse de tout mon cœur.
32. AU MÊME.
Le 1er juin 1764.
Si je ne vous écris pas moi-même, mon cher ami, c'est que j'ai la goutte à la main gauche. Vous direz peut-être que je pourrais bien conduire la plume de la main droite; mais le papier m'échapperait, et je ne veux pas fatiguer vos yeux d'un griffonnage de chat. Cet accident, qui m'est venu fort mal à propos, m'a empêché de voir les régiments de la Poméranie et de la Nouvelle-Marche, et m'a obligé de différer de deux jours la revue des régiments de Magdebourg.
J'irai sans façon chez vous, comme un ancien ami, en passant par Brandebourg. J'y serai le 4 à midi. Je n'amène avec moi qu'un seul ami,a bien digne de votre amitié et de votre estime; ainsi nous ne serons que nous trois, si vous le trouvez bon. Il ne faut que peu de
a Probablement le prince héréditaire de Brunswic. Voyez t. IV, p. 157 et 209; t. V, p. 6-11; t. VI, p. 251, §. 18; t. XII, p. 25, et t. XIX, p. 137.