<151>Le pauvre Nimschöffsky, qui était un bon et digne officier, vient de décéder. J'en suis fâché, mais bientôt nous irons le rejoindre dans ce pays d'où personne ne revient.
Nous avons fait des manœuvres qui ont réussi tant bien que mal. Les officiers de l'état-major ne sont pas encore reformés; il faut encore quelques années pour remonter cette machine sur le pied précédent. Cependant je me fais vieux, et je devrais plutôt penser à graisser ma voiture pour le grand voyage qu'à manœuvrer avec des troupes que, selon toutes les apparences, je ne mènerai plus à l'ennemi.
Adieu, mon cher; bonne santé, contentement et bonne humeur, voilà ce que je vous souhaite bien cordialement.
36. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 22 octobre 1764.
Sire,
Le retour de mon domestique m'aurait averti trop tard de l'honneur que V. M. me destinait à midi, si d'ailleurs je n'eusse été empêché de m'y rendre par des incommodités hémorroïdales dont je ne fais que me remettre. Les ordres gracieux de V. M. me permettent de lui alléguer ces raisons. Je la supplie d'accorder pendant cette saison le repos et la chaleur convenable à mon état valétudinaire, pour mettre, s'il se peut, quelque intervalle à la suite du colonel Nimschöffsky, en qui vous avez perdu un très-digne et bon officier; non que je craigne la mort, mais je serais assez d'accord de jouir quelque temps de la tranquillité et de la douceur que vos bontés procurent à ma vie. Ce qui en redouble l'agrément, c'est de vous savoir bien portant, Sire. Je l'attribue aux promenades journalières de V. M.