2. DE M. DARGET.
Berlin, 20 mai 1749.
Sire,
Je reçois dans ce moment des lettres de Paris, que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de V. M. Elles contiennent des nouvelles littéraires et des détails sur M. de Voltaire, dont j'ai pensé que V. M. ne serait pas fâchée d'être instruite.
M. d'Arnaud m'écrit que le voyage de M. de Voltaire pourrait bien être reculé jusqu'au mois de septembre, temps des couches de madame du Châtelet. Il m'indique en même temps un nouveau livre en un volume, dont les connaisseurs font grand cas; il est intitulé : Voyage pittoresque, ou indication de ce qu'il y a de plus beau en sculpture, en peinture et en architecture dans Paris. V. M. ordonne-t-elle que j'écrive au sieur d'Arnaud d'envoyer ce livre?
On ne perd pas un instant, Sire, pour l'impression du poëme; mais je crains bien qu'il ne puisse pas être fini à la fin de ce mois comme je l'avais espéré d'abord, parce que, au lieu de vingt-deux feuilles, il en occupera vingt-huit, et cela, parce qu'il y a des pages qu'il faut un peu élaguer pour amener la fin des chants justement au revers des feuilles; sans cela les culs-de-lampe et les vignettes se trouveraient mal placés, et l'ouvrage serait sans grâce. En vérité, Sire, je fais tout de mon mieux pour que l'édition réponde à la beauté de l'ouvrage; mais cela est très-difficile et au-dessus de mes talents et de ceux de l'imprimeur.
J'ai reçu, Sire, une lettre de M. Petit, qui est toujours à la suite de cette soubrette; mais il désespère de pouvoir la réduire à sept cents écus d'Allemagne. On la dit jolie et spirituelle; V. M. n'aura-t-elle pas la bonté de lui accorder huit cents écus, si elle ne veut pas absolument venir à moins? J'attends ses ordres là-dessus pour donner au sieur Petit une réponse décisive.