<291> questions pour et contre de vos ecclésiastiques au sujet de l'abolition des pénitences publiques, il n'est point du tout nécessaire que vous délibériez davantage avec eux sur ce point; je suis leur suprême évêque, ma volonté seule décide en pareil cas selon tous les droits, et par mon autorité je vous charge de passer outre et d'abolir tout à fait ces pénitences publiques comme abusives et scandaleuses. J'attends, au reste, votre rapport sur le succès que l'on peut se promettre de l'établissement de la loterie projetée. Sur ce, je prie Dieu, etc.

6. AU MÊME.

(Potsdam) 8 février (1756).

Ne m'accusez point de paresse, mon cher mylord; j'ai été si prodigieusement occupé depuis un temps (vous jugez bien de quoia), qu'il m'a été impossible de vous écrire; l'agitation dure encore, et il faudra bien un mois pour que je puisse regagner la tranquillité propre à notre correspondance. Je ne vous en ai pas moins d'obligation des graines de melon que vous avez eu la bonté de m'envoyer, ainsi que de la doctrine tolérante que vous vous efforcez d'introduire dans votre gouvernement. Ce serait couronner l'œuvre que de faire réussir cette loterie dont personne ne veut. Je crois qu'il faut être dissipateur et prodigue pour avoir du crédit; je vois que cela réussit partout; il faudra imiter les autres.

On menace votre gouvernement de Voltaire,b d'un tremblement


a Allusion au traité signé à Londres le 16 janvier 1756, et à l'arrivée du duc de Nivernois à Berlin, le 12 du même mois. Voyez t. IV, p. 36 et 37.

b Le 29 octobre 1755, Voltaire avait écrit à l'abbé de Prades, dans une lettre destinée à être communiquée au Roi : « J'ai un petit monastère auprès de Lausanne, sur le chemin de Neuf-+ châtel, et, si ma santé me l'avait permis, j'aurais été jusqu'à Neufchâtel pour voir mylord Marischal; mais j'aurais voulu pour cela des lettres d'obédience. »