<32> nous prenons ces anses que les choses nous affectent. Je sens toute la douleur qui vous accable; mais, indépendamment de cela, je crois que l'esprit que vous avez vous doit faire gagner du temps pour vous consoler. Ne serions-nous pas bien fous, si nous nous désespérions de ce que le jour d'hier est passé? Il s'en passera encore tant d'autres, sans qu'aucun d'eux ne revienne! C'est dans ce moment-ci que vous devez montrer que vous êtes homme, et vous vaincre vous-même. L'Écriture dit que qui peut se subjuguer est plus fort que celui qui emporte des forteresses.a Adieu, mon bon Darget; puisse mon sermon faire impression sur votre esprit, et lui rendre le calme dont il a sûrement grand besoin!
P. S. Je vous envoie deux morceaux qui font, selon mon calcul, cinq pages d'impression; les autres cinq suivront dans peu; mais, en relisant mon poëme, j'y ai trouvé tant de fautes et de choses à corriger, que je suis résolu de faire une édition châtiée de toutes les pièces du premier volume.
6. AU MÊME.
Potsdam, 1750.
Je vous renvoie mon Épître corrigée en tous les points. J'ai laissé harcela, pour voir ce que Voltaire en pourra dire; il faut lui laisser le plaisir de reprendre quelque chose. A présent, ayez la bonté de la faire copier, et, s'il se peut, de me la remettre demain. Malheur,
a Proverbes de Salomon, chap. XVI, v. 32. Voyez t. XIX, p. 52.