<321> et militaires sont à présent dans un étrange chaos; il faut quelque dieu de machine pour débrouiller tout cela. Le ciel nous assiste! Je vous prie de redoubler vos souhaits pour nous; si les vœux des honnêtes gens sont favorablement reçus des dieux, les vôtres doivent être efficaces. Adieu, mon cher mylord; j'ai la tête surchargée, je ne vous écrirais que des pauvretés, si je continuais. Continuez-moi votre amitié, et soyez persuadé de la mienne.
40. AU MÊME.
Dittmannsdorf, 29 juillet 1762.
Donnons, mon cher mylord, asile au malheureux. Ce Rousseaua est un garçon singulier, philosophe cynique qui n'a que la besace pour tout bien. Il faut l'empêcher, tant que cela se pourra, d'écrire, parce qu'il traite des matières scabreuses qui exciteraient des sensations trop vives dans vos têtes neufchâteloises, et occasionneraient des clameurs de tous vos prêtres enclins à la dispute et pleins de fanatisme. Je me trouve ici vis-à-vis du maréchal Daun, de ses canons et de ses montagnes. On l'a presque arraché d'auprès de Schweidnitz, dont nous nous préparons à faire le siége. J'ai eu ici pendant quinze jours une vingtaine de mille Russes; je n'ai fait que passer, ils n'y étaient déjà plus.b Toute leur armée retourne en Russie, et nous restons bons amis, aux secours près, que je perds.c Le prince Ferdinand fait des merveilles; les Français vont abandonner la Hesse et Göttingue. Quelle suite de prospérités pour les Anglais sur mer et par terre! Il
a Voyez t. IX, p. 224 et 246; et t. XVIII, p. 249.
b Voyez t. XII, p. 214.
c Voyez t. XIX, p. 375.