<39>lissent sur son peuple. Je pars dans quelques jours pour la Silésie, et j'espère de vous voir ici à mon retour. Que la santé est précieuse, et qu'il en coûte à l'art de la pharmacie pour faire pisser un Darget! Vale.
13. DE M. DARGET.
Paris, 18 septembre 1752.
Sire,
Si jamais il a été permis à un malheureux de se plaindre, c'est assurément à moi. Je suis pénétré des bontés de V. M., je les ai mises à l'épreuve. Elle m'a accordé la grâce de venir travailler ici au rétablissement de ma santé; j'y suis depuis près de six mois. Douleurs, assiduité, dépense, j'ai tout sacrifié pour réussir; tout cela a été inutile, je ne me trouve pas mieux. On assure que c'est le scorbut, mêlé de virus, qui m'accable; on me demande encore jusqu'en janvier pour le détruire par des remèdes doux, mais sûrs, et qui ont besoin de cet air-ci pour avoir leur entier effet. Le médecin qui veut m'entreprendre n'exige d'être payé qu'après le succès; ma famille me presse de me mettre entre ses mains, et le veut sous peine d'exhérédation. Mes amis me sollicitent, l'amour de la vie m'en fait presque une loi; on ne me donne pas deux années à vivre, si je retourne avec mes maux. Mais je n'ai rien promis, et ne puis rien promettre; je dépends de vous, Sire, et j'en dépends bien plus encore par mon attachement et ma respectueuse reconnaissance que par le devoir. Ma situation est cruelle; je voudrais vivre, et je crains de déplaire à V. M. et de lasser ses bontés et sa patience. Mais le public ne sait pas, et vous l'ignorez peut-être vous-même, Sire, à quel point il faut