<53> vapeurs de ma morale. Adieu, mon cher; pissez bien et soyez gai; c'est là tout ce qu'il y a à faire pour vous dans ce monde, etc.
25. DE M. DARGET.
Vincennes, 10 juin 1754.
Sire,
Je n'aurais jamais pensé, je l'avoue, que Votre Majesté eût encore été incommodée de la querelle de MM. de Maupertuis et de Voltaire; ce malheureux procès n'a que trop duré. Mais mon hypocondrie a été véritablement égayée par ce que V. M. veut bien me dire si agréablement, que ces messieurs la prennent pour un égout dans lequel ils font écouler leurs immondices. Je vois par cette expression que V. M. ne s'affecte et ne s'est jamais affectée de ces démêlés que comme il convenait à la supériorité de son génie et de son rang; et c'est une vérité dont la démonstration est si peu indifférente ici à sa gloire personnelle, que j'ai osé me permettre l'indiscrétion de faire part de ce qu'elle a eu la bonté de m'écrire à ce sujet à quelques personnes occupées de tout ce qui touche V. M. Ce qu'elle ajoute ensuite vient aussi à la preuve de ce que je dis avec tant de plaisir de son caractère. Le voici, Sire; vous aimerez à relire ce que vous exprimez si bien : « L'esprit est un fard qui cache souvent la difformité des traits; le bon sens, moins brillant, par sa justesse même, porte à la vertu, et sans vertu point de société. » Ces traits, Sire, peignent votre cœur, et la société gagne à connaître des cœurs tels que le vôtre. Aussi ces expressions ont-elles attendri ceux à qui je les ai montrées, et qui étaient capables d'aimer l'homme dans le grand roi. Il m'est revenu qu'elles avaient été jusqu'à M. de Maupertuis, et qu'il en était très-