<54>inquiété; mais c'est sans doute un ridicule qu'on lui prête, et il doit être charmé, par l'attachement que je lui connais pour V. M., qu'elle paraisse dans le public ne s'occuper de sa querelle que comme il devrait peut-être s'en occuper lui-même, c'est-à-dire, s'en amuser; il donnerait, à sa manière, la paix à son ennemi.
J'ai pensé qu'il était dans la respectueuse confiance que j'ai vouée à V. M. de lui rendre compte de ma conduite, qui pourrait être interprétée auprès d'elle d'une manière à altérer ses bontés pour moi, ce dont je ne me consolerais jamais. Mes vues sont droites et toujours dirigées par mon attachement pour vous, Sire. Ce motif doit aussi, j'ose le dire, engager V. M. à pardonner des fautes qu'un zèle trop vif pourrait me faire commettre. Mais ce qui sert à faire connaître ses qualités pour la société peut-il être un crime?
V. M. se souvient donc encore du plaisant panneau dans lequel elle me fit tomber un jour sur le chapitre des Allemands. Je suis si éloigné de disputer la sûreté de leur commerce, que je publie hautement et journellement que je n'ai jamais eu le plus petit chagrin par eux auprès de V. M., et qu'il ne m'en a été causé que par les Français de la nation des beaux esprits, qui n'ont pu me pardonner de me conduire moins follement qu'eux. C'est exactement la seule espèce de peine que j'aie eue au service de V. M. Tous les agréments du pays que j'habite ne me dérobent point au souvenir des bontés de V. M. et aux sentiments du plus tendre et du plus respectueux attachement qu'exige de ma part la manière dont elle daigne me les continuer. Ce n'est que la droiture de mon cœur qui peut me les mériter, et j'ose vous jurer, Sire, que ce cœur-là vous sera toujours acquis et dévoué; daignez en permettre toujours et les aveux, et les hommages. Je suis, etc.